A l’occasion du Salon VivaTech 2019, Venez Vivre le Futur, nous avons voulu vous prédire l’avenir : sera-t-il rose ou noir ?
Focus aujourd’hui sur la réalité virtuelle. Nouveaux loisirs à bas coûts ? Nouvelles drogues ou nouveaux médicaments ? La réalité virtuelle est en train de passer du fantasme à la réalité mais à quel prix ?
Du fantasme à la réalité … virtuelle
Selon une étude réalisée par Facebook, quasi 2 consommateurs sur 3 dans le monde estiment que la réalité virtuelle finira par faire partie de leur vie quotidienne... Le réseau social a d’ailleurs annoncé son intention d’attirer un milliard de personnes dans la réalité virtuelle.
Pendant longtemps pourtant, la réalité virtuelle telle que nous l’entendons aujourd’hui, a été fantasmée et cantonnée à l’univers de la science-fiction dont elle est issue. Dès 1935, l’auteur Stanley G. Weinbaum décrit, dans son livre Pygmalion’s Spectacles, des lunettes d’accéder à un univers virtuel dans lequel il peut interagir, toucher et sentir. L’objectif annoncé dès le départ : vivre de nouvelles sensations et expériences, toujours plus fortes et immersives et ainsi, nous permettre de nous évader du réel.
Il faudra toutefois attendre 2016 pour que la technologie soit enfin “accessible” au grand public grâce à des casques comme l’Oculus Rift, le HTC Vive ou le PlayStation VR. Le jeux video contribue d’ailleurs largement à son développement.
Si la réalité virtuelle maintient sa popularité dans la fiction, de Tron (1982), à Matrix (1999) et Ready Player One (2018) et alors qu’elle est devenue en théorie “accessible” au grand public, elle ne s’est pas encore imposée dans les foyers. L’adoption de la technologie reste lente, freinée par des coûts souvent élevés et un matériel peu confortable
De nouvelles opportunités
Dans certains domaines, la technologie virtuelle a ouvert le champ des possibles notamment pour des visites virtuelles (voyagistes, immobilier …), une expérience immersive, plus ludique, audacieuse (médias, cinéma, studios, publicité, entertainment notamment) ou formatrice. La police new-yorkaise teste cette technologie pour se former à la gestion de situations catastrophe comme des prises d’otages. Par ailleurs, elle laisse présager de belles avancées pour l’architecture, l’ingénierie, la médecine …
Et si la réalité virtuelle connaissait un développement là où on ne l’attend peut-être pas ? Selon Aurélien Fache, pionnier de l’Internet français, ce n’est que le début :
« Nous n’en sommes qu’à 1 % de ce que la VR est capable de nous offrir » Aurélien Fache, pionnier de l’Internet français
SENSIBILISER ET ALERTER
La réalité virtuelle peut aider à sensibiliser aux urgences environnementales ou sociales.
Le gaming pour sensibiliser à la pollution de l’air ? C’est le pari du projet Airducation porté par l’université Paris-Est Créteil et l’organisme de surveillance de la qualité de l’air Airparif, avec son serious game pour les plus de 14 ans.
Un serious game pour promouvoir l’égalité hommes-femmes en entreprise ? C’est ce qui a été fait par la société Manzalab pour le groupe Accenture, via un jeu permettant à des manageurs de se mettre dans la peau d’un collaborateur de sexe opposé. Objectif annoncé : lutter contre les stéréotypes. S’il fonctionne bien, il devrait être déployé dans le top management, voire élargi à d’autres problématiques, comme le handicap. Affaire à suivre donc.
Le réalisateur Gabo Arora dans un documentaire en réalité virtuelle « Clouds Over Sidra« commandé par l’ONU en 2015, a voulu nous faire mieux ressentir et comprendre la situation d’une jeune réfugiée syrienne de 12 ans Sidra. En faisant visionner le documentaire dans la rue au passant interpellé, l’UNICEF a doublé le nombre de donneurs pour un montant moyen plus élevé.
USAGES THERAPEUTIQUES : SOIGNER ET SOULAGER
La VR va révolutionner les soins et les thérapies. Dans de nombreuses thérapies, la réalité virtuelle trouve toute sa place comme technologie révolutionnaire, douce et sans effets secondaires. Prenons l’exemple de PainkillAR, l’antalgique 2.0, qui veut combattre la douleur chronique grâce à la réalité virtuelle. Et ça marche…La VR a fait par exemple récemment son entrée aux urgences. De même, les technologies de VR et d’AR commencent à se porter sur le confort des soins de fin de vie. De nouvelles approches innovatrices de la gestion de la douleur se dessinent.
On peut citer par exemple l’initiative de créer un environnement virtuel pour aider les victimes d’agressions sexuelles.
EDUCATION ET FORMATION
Immersive Learning, réalité augmentée, scénarisation 3D ou 360, les nouvelles technologies ont investi le secteur de l’apprentissage et de la formation en ligne. L’objectif ? Offrir de nouvelles modalités d’apprentissage, plus innovantes et stimulantes, en proposant à l’apprenant une simulation interactive dans un espace virtuel, pour mieux s’imprégner du sujet.
Début 2019, Pôle Emploi a lancé une application « Mon entretien d’embauche » pour s’exercer au difficile exercice surtout pour les demandeurs d’emploi les plus éloignés du marché du travail. L’application contient des exercices pratiques et des entretiens fictifs avec un recruteur … virtuel.
Google et la société Labster, spécialisée dans les laboratoires virtuels, ont conçu un simulateur complet reproduisant un laboratoire destiné aux universités, aux étudiants, mais également aux personnes autodidactes … De la pédagogie à la formation, il n’y a qu’un pas.
En particulier dans le domaine de la santé, les applications sont nombreuses. On forme ainsi déjà dans des spécialités comme l’obstétrique par exemple. Les étudiants sont mieux guidés étape par étape à travers les différentes étapes de l’accouchement. Ils apprennent aussi le processus de réanimation si un bébé arrête de respirer.
La VR procure une assistance 360 inédite comme par exemple pour l’opération chirurgicale en réalité augmentée (1ere mondiale) où le chirurgien, équipé d’un casque, a pu visualiser en hologramme toutes les données médicales projetées en temps réel dans le bloc opératoire.
Quand on sait que 85% des emplois de 2030 n’existent pas aujourd’hui (selon une récente étude de Dell et de « l’Institut du Futur« ), la formation professionnelle joue plus que jamais un rôle fondamental pour ajuster les compétences aux futurs besoins, développer l’employabilité et constitue un terrain de jeu de choix pour la VR et ses dérivés.
A travers ces initiatives nous voyons que la réalité virtuelle peut se révéler vecteur de changement positif dans différents secteurs de notre société, à l’échelle individuelle ou collective.
VR, AR, MR qu’en dit notre fiction préférée ?
Aperçu de quelques dérives pointées du doigt par la série Black Mirror
Dans l’épisode Playtest (Saison 3 Episode 2), on peut littéralement se “débrancher moralement” car il n’existe plus aucune interface entre réalité et fiction. Seule une puce, implantée dans la nuque du joueur et directement liée à son système neuronal, lui permet d’affronter ses phobies les plus enfouies dans des univers parallèles. Dépassé, il finit par perdre la raison et mourir.
Toujours à travers l’exemple du jeu vidéo, avec l’épisode USS Callister (Saison 4 Episode 1), le concepteur du jeu, mal à l’aise socialement dans la vraie vie (notamment dans son entreprise), règne en véritable despote dans le monde virtuel.
Dans l’épisode White Christmas, on finit par comprendre que les deux personnages principaux se trouvent dans un environnement virtuel. L’un des personnages est une copie électronique de lui-même, puni en étant “bloqué” à vie dans le même lieu, obligé d’écouter la chanson qui passait à la radio lorsqu’il a commis un meurtre. Le second qui l’a en “réalité” manipulé pour obtenir de lui sa confession en échange de sa liberté.
Avec son nouvel épisode interactif paru fin 2018, Bandersnatch, ce ne sont plus les personnages, mais le spectateur lui-même qui “tient le joystick” et par ses choix “réels” semble influer l’histoire. Libre-arbitre illusoire car si la liberté semble grisante, elle conduit inexorablement le héros à perdre progressivement pied avec la réalité.
ET DEMAIN, QUELLE (R)ÉVOLUTION ?
Les prochaines années seront décisives. Les expériences virtuelles, immersives, intégreront surement l’intelligence artificielle et les objets connectés (voir notre article sur ce sujet).
Si nombre de promesses inconnues à ce jour restent à découvrir, une chose est sûre : revêtir pour un temps une autre personnalité, vivre des expériences qui demeurent virtuelles, n’est pas sans effet sur l’individu qui “en sort” changé … et “revient” ensuite dans le monde bien réel qui l’entoure, qui lui n’a pas changé !
En résumé, la réalité virtuelle : Goodtech ou BadTech ?
Notre point de vue : La technologie n’est ni bonne ni mauvaise. Seuls les usages que nous en faisons feront la différence. So let’s Tech Care !